Eddie 135
Quand on leur demande de parler de leurs projets, Adrien Kanter et Matthieu Philippe de l’Isle se montrent volubiles et parlent en stéréo de souvenirs différents, ce qui rend évidemment la prise de notes difficile. Pour rendre compte de cet entretien déroulé autour d’un jus de fruits par un sombre après-midi de Décembre teinté de magie de Noël, il convient donc de tout mélanger afin de perdre le lecteur dans une nébuleuse de projets artistiques et musicaux aussi divers qu’alambiqués.
Bien-sûr, cela pourrait sembler à priori Casse-Gueule (Matthieu est membre du groupe, dernier album paru cette année sur la Souterraine) mais ce plein de vitamines exotique et dominical nous amène directement à un certain Réveil des Tropiques (combo free psyche-kraut où œuvrent nos deux spécimens) et plus aléatoirement au projet d’Adrien pour lequel je n’ai pas trouvé de jeu de mots (Testarossa,échappée punk noise pop expérimentale). A cela s’ajoutent l’organisation d’improvisations collectives comprenant à chaque fois quatre invités (la série “4 à Table” à la Société de Curiosité de Paris) ou encore la présentation d’une pièce pour violoncelle, guitares et ondes sinusoïdales à Hambourg au festival Blurred Edges en 2016.
Depuis 2005, le duo apparaît également sous le nom d’Eddie135 dont un nouvel opus est l’objet de ce texte globalement approximatif. Pour l’histoire, émoustillés par un premier concert de salon où se trémoussent de jeunes nymphettes étudiantes en danse, Adrien et Matthieu sortent la cassette “Nixon Now!” en 2008. La même année, ils s’essaient à d’autres expériences sonores comme en témoigne l’enregistrement de “Jardins” à Nanterre où deux violoncelles traités se fondent dans le bruit diffus d’un public distrait et malpoli.
Après une série de concerts au Japon et au Portugal organisée à la grande époque de Myspace, ils rencontrent le londonien Shitblaster. Entre 2 concerts de Metallica qu’il suit dans leur tournée, ce curieux personnage les invite dans son studio de Camberwell. De là naît Dragon's Teeth, jam enregistré et édité en 5 jours à l’aide de fast food indienne et de machines analogiques. Le résultat, fiévreux et compressé comme une petite gueule de bois constitue la 33ème référence de Da ! Heard It Records.